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Huitième épisode de la série
TITRE : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO
Dans :
« BENIS SOIENT LES POETES ! »
(8ième épisode)
ROBERTO
MAMOUZELLE
AUGUSTIN
LE COMTE DE LA BOUCHE6EN-BIAIS
SYLVESTRE (Le Facteur)
LIEU : « L’AUBERGE DE LA LICORNE » (Située à l’écart du village de maison-Du-Bois Doré, dans le Midi de la France)
GENRE : Comico Romantico Poétique
AUTEUR : CASALI EMILIEN
Amicalement et Fraternellement, Emilien Casali (Auteur)
casali.emilien@wanadoo.fr
PROTECTION SACD N° 172748
http://emiliencasali.populus.ch/
Contact : Emilien CASALI – (France)
e-mail casali.emilien@wanadoo.fr
Tous mes remerciements aux professeurs ci-dessous qui ont fait participer leurs élèves aux Concours de dessins " Roberto en automne 2009" (Grand sourire)
Madame Rodica Calota (Targu Jiu - Roumanie)
Victoria Bostina (Vainqueur), Miruna Poienaru (Vainqueur)
Corina Fenichiu (Biled - Roumanie)
Monsieur Sebatian Flieraru "Seby", Cristina Virdea (Vainqueur), Daniela Draia, Tabita Kurali (Vainqueur)
Liliana Derevici (Cluj-Napoca - Roumanie)
Ciprian Macavei, Ionut Sutea, Paul Deac, Dan Ion Stana, Alina Buzan, Andreea Muresan, Andrei Gorgan (Vainqueur), Andrei Irimus (Vainqueur), Cristiana Horea, Elina Pislari (Vainqueur), Flavia Deak, George Carlig, Ioana Bozdog, Irina Anca Faiciuc, Iulia Cismaru, Mihai Topan, Stefania Felecan, Teodora Muntean (Vainqueur), Ioana Daniela Dunca (Vainqueur), Iulian Cailean, Mariana Balan, Mariana Lupas, Mihnea Ciceu, Sonia Andra Nicoara, Lisa Patrusel, Patricia Tulai
PROLOGUE
MAMOUZELLE, SYLVESTRE
SYLVESTRE
Ohé ! Il y a quelqu'un là-dedans ? J'ai un message oral à communiquer à Mamouzelle. Où est-elle passée, enfin ? Il est dix heures.
MAMOUZELLE
Ce n'est pas le peine de crier aussi fort, Sylvestre; je vous ai entendu.
SYLVESTRE
Nous sommes lundi matin, Bergère.
MAMOUZELLE
Et alors ?
SYLVESTRE
C'est aujourd'hui que débute ma tournée matinale.
MAMOUZELLE
Et après ?
SYLVESTRE
Eh bien, vous êtes la première personne à qui je viens rendre visite. Votre week-end s'est bien déroulé ?
MAMOUZELLE
Oui, si l'on veut.
SYLVESTRE
Votre époux est rentré de sa virée ?
MAMOUZELLE
Dites-moi, facteur, vous travaillez pour les renseignements généraux maintenant ? Toutes ces questions...
SYLVESTRE
A vrai dire, je m'inquiète un peu pour vous, ces jours-ci.
MAMOUZELLE
De quoi je me mêle !
SYLVESTRE
Cool, cool, ma petite dame !
MAMOUZELLE, tend la main
Vous ne deviez pas me communiquer un message ? Eh bien, j'attends.
SYLVESTRE
C'est à dire que je dois vous le transmettre oralement.
MAMOUZELLE
Que me chantez-vous là ?
SYLVESTRE
C'est de la part d'Augustin, votre époux.
MAMOUZELLE
S'il a quelque chose à me dire, eh bien, il sait où me trouver.
SYLVESTRE
Seulement voila, ce dernier a décidé de quitter le domicile conjugal définitivement.
MAMOUZELLE
Comment ça ?
SYLVESTRE
Je crois bien que vous l'avez mis à la porte, hier après-midi ?!
MAMOUZELLE
C'est lui qui vous a dit ça ? Mais d'abord, en quoi ma vie privée vous regarde-t-elle ?
SYLVESTRE
C'est à dire qu'Augustin a passé la nuit chez moi.
MAMOUZELLE
Chez vous ?
SYLVESTRE
Et même qu'il y est encore !... Que voulez-vous, je n'allais pas laisser ce pauvre homme à la rue. Vous imaginez le voisinage.
MAMOUZELLE
Oh, mon dieu ! Que je suis idiote ! Je l'ai rendu malheureux.
SYLVESTRE
Vous avez du remord ?
MAMOUZELLE
Alors, comme ça, il ne reviendra plus ici.
SYLVESTRE
Exact !
MAMOUZELLE
Et dire qu'il sera papa dans quelques mois. Il ne peut tout de même pas m'abandonner ainsi.
SYLVESTRE
Quand je pense que vous formiez le plus beau couple du voisinage.
MAMOUZELLE
Oui, mais en ce temps-là, c'était différent. Monsieur Augustin ne se comportait pas comme un ivrogne, il avait pour moi de l'estime, il ne quittait pas son domicile conjugal pour un oui ou pour un non pour partir en virée je ne sais où ?
SYLVESTRE
Que voulez-vous...les temps changent. Aussi, il va falloir vous faire une raison.
MAMOUZELLE
Je me souviens lorsqu'il foula le pas de cette porte pour la première fois.
SYLVESTRE
Et ça remonte à quand cette première fois ?
MAMOUZELLE
C'était au début de l'automne de cette année-là...
Mamouzelle rentre dans la cuisine, suivie de Sylvestre
FIN DU PROLOGUE
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ACTE 1 / SCENE 1
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, AUGUSTIN, MAMOUZELLE
Dix ans plus tôt... toujours à l'Auberge de la Licorne...
LE COMTE, est agenouillé; vêtu d'un peignoir
« Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main; viens par ici,
Loin dieux. Vois se pencher les défuntes Années;
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
Charles Baudelaire (Recueillement)
Après quoi il rentre dans la chambre...
AUGUSTIN, fait son entrée
Mamouzelle ! Mamouzelle ! Comment se fait-il qu'elle ne soit pas là pour m'accueillir ? (Il porte un sac à dos)
MAMOUZELLE, sort des chambres
Voilà ! Voila ! Un peu de patience.
AUGUSTIN
Deux minutes de plus et je repartais.
MAMOUZELLE
Monsieur est de retour ?!
AUGUSTIN
Le parfum de cette région était si doux la fois passée.
MAMOUZELLE
Votre premier passage dans la région remonte au printemps dernier, je crois bien !?
AUGUSTIN
Nous voici en automne à présent ! C'est une saison que l'on dit très agréable par ici.
MAMOUZELLE
C'est aussi la saison pour remettre les pendules à l'heure.
AUGUSTIN
En tous cas, pour moi, c'est l'époque rêvée pour effectuer une pose bien méritée.
MAMOUZELLE
Soyez le bienvenu à l’Auberge de la Licorne ! Votre voyage fut bon, Monsieur ?
AUGUSTIN
Vous pouvez m'appelez Augustin.
MAMOUZELLE, lui retire son sac à dos
Laissez-moi vous aider à retirer,votre fardeau.
AUGUSTIN
Mon voyage aurait pu être bon s'il n'avait été aussi long. Je suis éreinté, voyez-vous...
MAMOUZELLE
Ne me dites pas que vous avez traversé le pays à pied cette fois encore ?
AUGUSTIN
Je voulais achever mon pèlerinage de cette façon, mettant ainsi un terme à ma longue quête. La sagesse s'abat sur moi, dirait-on ?!
MAMOUZELLE
Etes-vous certain de faire le bon choix en revenant ici ?
AUGUSTIN
Je me sens assez mûr à présent pour me sédentariser.
MAMOUZELLE, lui sert un verre
Je vous sers un verre de Champinelle ? Il provient de la propriété viticole de Monsieur le Comte de la Bouche-en-Biais.
AUGUSTIN
Volontiers ! A nos retrouvailles ! (Un temps) Mais dites-moi, Mamouzelle, Roberto est arrivé ?
MAMOUZELLE
Pas encore.
AUGUSTIN
Le *Prince des étoiles* se serait-il égaré en chemin ?
MAMOUZELLE, lui remet un message
Votre Compagnon a laissé un message pour vous.
AUGUSTIN
Il ne lui est rien arrivé de grave, au moins ? Voyons voir...
MAMOUZELLE
S'agit-il de mauvaises nouvelles ?
AUGUSTIN
Tenez, Mamouzelle, lisez-le !… je me sens bien las tout d'un coup. D'ailleurs, je vais m'asseoir... après une aussi longue marche...
MAMOUZELLE
Je regrette...il s'agit-là d'un message personnel vous étant adressé ! Je ne saurais...
AUGUSTIN
Dans ce cas, je ne vous en confierai que la lecture !
MAMOUZELLE
Comme il plaira à monsieur Augustin.
(Puis elle lit le contenu à haute voix)
« Cher Compagnon,
En cette saison Automnale commence pour moi un long repos;
Mes longues balades estivales s'achèvent; ce n'est pas trop tôt.
J'ai par trop usé mes semelles en marchant de travers;
Chassé l'oubli incommensurable que mon âme s'infligeait;
Fuir ce que j'étais, devenir l'esclave d'Antiques passés.
Je désire par-dessus tout vivre et me mouvoir à chaque instant;
Ne plus fuir le quotidien, et prendre l'Automne pour témoin;
Cher Compagnon, ami de la providence,
Bientôt, pour chacun de nous l'amour rejaillira,
Les temps nouveaux approchent à grand pas. »
LE COMTE, sort des chambres
Mamouzelle !
MAMOUZELLE
Que faites-vous debout, Monsieur le Comte ? Avec votre fièvre, ce n'est pas prudent.
LE COMTE
Je me sens un peu mieux. Ne vous en faites pas!
AUGUSTIN
Christophe Charles Henri de la Bouche-En-Bié !
LE COMTE
Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, en Biais, Comte de Maison-Du-Bois Doré ! Lui-même ! Se connaît-on ?
AUGUSTIN
C'est à dire que l'on parle beaucoup de vos péripéties amoureuses dans le voisinage et donc...
LE COMTE
Votre visage ne m'est point inconnu.
AUGUSTIN
Nous avons fait connaissance en mai dernier dans l'une des grandes salles du château de la Via Dorée, lors d'une exposition de peinture…
LE COMTE
Je vous préviens... si vous êtes journaliste...
AUGUSTIN
Permettez-moi de me présenter : je suis Augustin, un ami de Mamouzelle... de passage à l'Auberge de la Licorne.
LE COMTE
Que suis-je distrait ! Bien sûr ! Vous êtes le poète ! Navré, je vous avais pris pour l'un de ses Paparazzis à bon marché qui passe le plus clair de son temps à vous épier, où que vous soyez, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit... tout cela dans le but d'obtenir de vous une photo qui sera diffusée ensuite dans l'un de ces magasines à sensation, ridiculisant par là même votre image. Très honoré, cher Maître !
AUGUSTIN
Qui aurait pu penser que le destin permette à nos routes de se croiser une seconde fois ?
LE COMTE
Et qui plus est, dans cette chaleureuse auberge située à l'écart du village de Maison-du-Bois Doré, loin des foules bruyantes et déchaînées.
(Puis) Etes-vous certain que personne ne vous a suivi jusqu'ici ?
AUGUSTIN
Lorsque je pars quelque part en exil je ne laisse jamais d'adresse.
MAMOUZELLE
Votre chambre est prête, Monsieur Augustin !
AUGUSTIN
Passez-vous du « Monsieur », je vous prie !
LE COMTE
Dites-moi, cher Maître, comment diable se fait-il que vous échouyiez en ce lieu ? Vous aussi avez été séduit par le charme et la gentillesse de Mamouzelle ?
AUGUSTIN
L'Auberge de la Licorne est l'un des rares endroits de ce monde où je peux m'y reposer en toute quiétude, à l'abri des Paparazzis. Vous voudrez bien m'excuser, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais, je me vois dans l'obligation de vous quitter momentanément; la fatigue s'abattant sur moi, comprenez-vous ?
LE COMTE
Je vous souhaite un prompt rétablissement.
MAMOUZELLE
Suivez-moi, monsieur Augustin.
AUGUSTIN
Augustin, tout court, je vous prie.'
FIN DE LA SCENE 1
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ACTE 1 / SCENE 2
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, MAMOUZELLE
Le Comte s'assoit sur un tabouret près du bar et se prend la tête entre les
Mains
MAMOUZELLE, ressurgit
Monsieur le Comte se serait-il assoupi sur la table ? Dois-je le réveiller ? Si seulement j'osais... Oh, et puis d'abord... (Elle secoue le Comte) Réveillez-vous, monsieur le Comte !
LE COMTE
Je ne peux trouver le repos, Mamouzelle.
MAMOUZELLE
Vos soucis vous accable, c'est bien cela ?
LE COMTE
Je ne pourrais pas me remettre de mes blessures, cette fois-ci, je me sens comme l'âme et le coeur vide.
MAMOUZELLE
Certes, il va vous en falloir du temps pour oublier votre dernière conquête amoureuse.
LE COMTE
J'ai du mal à faire le deuil; je l'aimais si fort!
MAMOUZELLE
C'est à chaque fois le même refrain avec vous ! Eh bien oui ! Chaque année, à la même époque, vous faites une dépression nerveuse suite à une rupture sentimentale et c'est ici, à l'auberge de la Licorne, que vous venez trouver refuge et consolation.
LE COMTE
Mais cette fois-ci, c'est différent !
MAMOUZELLE
Et en quoi est-ce si différent des autres fois ?
LE COMTE
J'avais rencontré l'amour de ma vie, et de plus, nous devions nous fiancer.
MAMOUZELLE
Vous rencontrez une personne en juin, et voila qu'en septembre vous voulez déjà vous fiancer avec elle sans même la connaître suffisamment
bien. Quelle précipitation !
LE COMTE
C'est en juillet que je l'ai rencontrée.
MAMOUZELLE
Monsieur aurait-il peur de finir vieux garçon ?
LE COMTE
Vous ne comprenez rien à mon désespoir.
MAMOUZELLE
Ne vous tourmentez pas autant, Monsieur le Comte, je suis persuadée que l'ami de votre coeur fera bientôt son arrivée.
LE COMTE
Elle ne me reviendra plus.
MAMOUZELLE
Je veux parler de la future fiancée de Monsieur le Comte.
LE COMTE
Il n'y aura plus jamais de nouvelle fiancée ! Monsieur le Comte en a assez, assez ! Comprenez-vous ?
MAMOUZELLE
Je vous signale que vous teniez les même propos l'an passé. Allons, laissez-moi vous raccompagner dans votre chambre. Vous avez besoin de repos.
FIN DE LA SCENE 2
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ACTE 1 / SCENE 3
AUGUSTIN, LE COMTE, MAMOUZELLE
En soirée...
LE COMTE
« ô triste ! triste était mon âme
A cause ! à cause d'une femme.
Je ne me suis pas consolé !
Bien que mon coeur ! bien que mon âme
Eussent fini loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé !
Bien que mon coeur ! mon coeur trop sensible
Dit à mon âme: est-il possible !
Est-il possible ! -le fut-il
Le fier exil ! ce triste exile ?
Mon âme dit à mon coeur: sais-je
Moi-même que nous veut ce piège
D'être présents bien qu'exilés !
Encore que loin en allés ? »
Paul Verlaine (Romances sans paroles - La bonne chanson ou autre poème)
AUGUSTIN
Votre mal se dissipera sous peu, mon ami.
LE COMTE
Le pensez-vous vraiment, cher Maître ?
AUGUSTIN
Il en va ainsi au gré des saisons.
MAMOUZELLE, surgit
Ces Messieurs ont peut-être envi de menthe et de thym ? !
LE COMTE
Très volontiers ! Mamouzelle ! Chaque soir, j'apprécie vos infusions; elles ont un effet salutaire sur ma fièvre.
AUGUSTIN
Mais par où êtes-vous entrée ! je ne vous ai pas vu arriver ?
MAMOUZELLE
Ce soir, je vois que l'humeur est à la fête ! Cela tombe bien, j’avais préparé vos gâteaux préférés.
LE COMTE
Puisqu'il faut se sacrifier... Allons-y !
AUGUSTIN
Je vais d'ailleurs m'y lancer le premier.
MAMOUZELLE
Eh bien, messieurs, vous l'aurez voulu... J'y cours !
LE COMTE
Les hommes et leurs petits péchés mignons!
AUGUSTIN
Je ne suis là que depuis vingt-quatre heures et me voici déjà sous le charme !
LE COMTE
Seriez-vous d'humeur amoureux, cher Maître ?
AUGUSTIN
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprends
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ?
Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues. »
Paul Verlaine (Mon rêve familier - Poèmes saturniens)
LE COMTE
Ne cherchez plus Augustin, vous l'avez trouvée !
MAMOUZELLE
Voici les petits gâteaux, messieurs !
AUGUSTIN, s’adressant au Comte
Mais hélas, je ne suis que de passage.
LE COMTE
N'avez-vous point recherché l'exil volontaire en ce lieu ?
AUGUSTIN
Un petit air de liberté m'a traversé l'esprit soudain.
MAMOUZELLE
Vous comptez déjà repartir, Augustin ?
AUGUSTIN
Pas avant d'avoir revu Roberto, qui, cette fois, je l'espère de tout coeur, sera plus serein que lors de notre dernière entrevue ! ?
MAMOUZELLE
Vous m1avez tellement parlé de lui, que j'ai hâte de le connaître !
AUGUSTIN
S'il ne manque pas à sa parole, bientôt je pourrai vous le présenter.
MAMOUZELLE
En attendant, finissez donc votre infusion, elle refroidit.
FIN DE LA SCENE 3
ACTE 1 / SCENE 4
AUGUSTIN, LE COMTE, ROBERTO, MAMOUZELLE
ROBERTO, chante à l'extérieur de l'Auberge
« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot aussi devenait idéal;
J'allais sous le ciel, muse ! et j'étais ton féal;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! »
AUGUSTIN
Je ne vais pas tarder à vous présenter le « Prince des étoile », Mamouzelle.
ROBERTO, entre dans l’auberge
« Mon unique culotte avait un large trou,
Petit poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la grande ourse,
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou... »
AUGUSTIN, se lève
« Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur; »
ROBERTO et AUGUSTIN, bras dessus, bras dessous
« Où rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur ! »
Arthur Rimbaud (Ma bohème)
FIN DE LA SCENE 4
ACTE 1 / SCENE 5
AUGUSTIN, LE COMTE, ROBERTO, MAMOUZELLE
AUGUSTIN
Te voilà enfin, baladin !
ROBERTO
Je ne fus pas trop long ?
AUGUSTIN
Laisse-moi te présenter à nos amis. Christophe Charles Henri, je vous présente Roberto qui s'en revient d'aventures tumultueuses ! Roberto, voici monsieur le Comte De la Bouche-En-Biais en personne, qui, tout comme moi, s'est exilé à l'Auberge de la Licorne, et dont les histoires inventées sur son compte ne cessent d'alimenter les ragots de voisinage. Je n'oublierai pas non plus de te présenter Mamouzelle, la maîtresse de ce lieu, qui a gentiment acceptée d'accueillir des poètes en exile !
ROBERTO, lui fait le baisemain
C'est donc vous, Mamouzelle ! Augustin m'a beaucoup parlé de vous.
MAMOUZELLE
Je suis enchantée de recevoir le "Prince des étoiles " à l'Auberge de la Licorne!
ROBERTO
Je parie que c'est Augustin qui m'a surnommé ainsi ! Je reconnais là la marque de ses propos.
AUGUSTIN
Vous aurez tout le temps de dialoguer ensemble, ces jours-ci, mes amis ! Mais pour l'heure, Mamouzelle, je vous prierai de nous apporter le meilleur vin de votre cave, nous allons fêter le retour de notre bon prince.
ROBERTO
Je vois que tu n'as pas perdu tes bonnes vieilles manies.
AUGUSTIN
Ce soir, c'est exceptionnel ! Monsieur le Comte acceptera de porter un toast à nos retrouvailles ?
LE COMTE
Hélas, cher Maître, j'ai cessé de boire de l'alcool... et puis, je ne voudrais en aucun cas vous déranger.
AUGUSTIN
Comment cela, nous déranger ?
ROBERTO
Je me ferai un grand plaisir de porter un toast à notre rencontre, monsieur le Comte.
LE COMTE
Ce serait un honneur pour moi, mais voyez-vous, je suis trop las ces temps-ci. De plus, l'heure sonne pour moi d'aller me coucher. Je vous remercie tout de même, Baladin ! Bonsoir, Messieurs !
ROBERTO
Ravi de vous avoir rencontré dans un si bref moment étoilé de poésie !
AUGUSTIN
Alors, il vient ce vin, Mamouzelle ?
MAMOUZELLE
Voilà ! Voilà !
AUGUSTIN
Vous en avez mis du temps.
MAMOUZELLE
Il en faut du temps pour trouver la bouteille idéale, car en ce soir d'Automne pas comme les autres, nous fêtons des retrouvailles amicales très prononcées ! Voici du « Champinelle », il provient de la Propriété Viticole de Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais.
AUGUSTIN
Vous êtes fait pour la poésie, ma chère.
MAMOUZELLE
C'est trop flatteur.
ROBERTO
Augustin sait ce qu'il dit.
MAMOUZELLE
Dans ce cas, messieurs, je vous propose une soirée poétique.
ROBERTO
Quelle bonne idée est-ce là ! J'adore faire des vers ! Quand penses-tu, Maestro ?
AUGUSTIN
Demain soir, si vous voulez ?
MAMOUZELLE
Vous précipitez les choses, cher maître.
ROBERTO
La poésie se présente à nos lèvres sur l'instant, elle se manifeste dans notre vie quotidienne, elle ne s'envisage pas, elle se donne comme un matin.
MAMOUZELLE
Dans ce cas, je vous donne rendez-vous demain soir. Sur ces mots, je vous souhaite de passer une chaleureuse fin de soirée, messieurs.
AUGUSTIN
Bonne nuit, douce Mamouzelle !
MAMOUZELLE
Bonne nuit, Monsieur Augustin ! (Elle quitte les lieux)
ROBERTO
A demain soir, très chère !
AUGUSTIN
A nous deux, éternelle Baladin !
ROBERTO
A ta santé, Maître Augustin !
AUGUSTIN
A la tienne, bon Prince !
FIN DE LA SCENE 5
ACTE 1/ SCENE 6
ROBERTO, AUGUSTIN, MAMOUZELLE
ROBERTO
Tu m'as fait venir dans un endroit divin, mon ami ! C'est bien mieux de se retrouver ici, plutôt qu'en ville, l'air y est plus pur.
AUGUSTIN
Je souhaite tirer un trait définitif sur le passé.
ROBERTO
« Nous nous aimions à cette époque, Bleu laideron !
On mangeait des oeufs à la coque et du mouron !
Un soir tu me sacras poète; Blond laideron:
Descend ici, que je te fouette en mon giron;
J'ai dégueulé ta bandoline, noir laideron;
Tu couperais ma mandoline au fil du front.
Pouah ! mes salives desséchées, roux laideron,
infectent encore les tranchées de ton sein rond !
ô mes petites amoureuses, que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses vos tétons laids !
Piétinez mes vieilles terrines de sentiments;
Hop donc ! soyez-moi ballerines pour un moment !...
Vos omoplates se déboîtent, ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent tournez vos tours !
Et c'est pourtant pour ces éclanches que (ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches d'avoir aimé. »
Arthur Rimbaud (Mes petites amoureuses)
AUGUSTIN
« Les sanglots longs des violons de l'automne
Blessent mon coeur d'une langueur monotone.
Tout suffocant et blême, quand sonne l'heure,
Je me souviens des jours anciens et je pleure;
Et je m'en vais au vent mauvais qui m'emporte
Deçà, delà, pareil à la feuille morte. »
Paul Verlaine (Chanson d'Automne - (Poèmes Saturniens)
ROBERTO
« Oisive jeunesse à tout asservie,
Par délicatesse j'ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne où les coeurs s'éprennent;
Je me suis dit: laisse, et qu'on ne te vois; Et sans la promesse de plus haute joies.
Que rien ne t'arrête ! auguste retraite. J'ai tant fait patience qu'à jamais l'oublie;
Craintes et souffrances aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine obscurcit mes veines.
Ainsi la prairie à l'oubli livrée, Grandie !
et fleurie d'encens et d'ivraies
Au bourdon farouche de cent sales mouches.
Ah ! Mille veuvages de la si pauvre âme
Qui n’a que l'image de la Notre Dame !
Est-ce que l'on prie la Vierge Marie ?
Oisive jeunesse à tout asservie,
Par délicatesse j'ai perdu ma vie.
Ah ! que le temps vienne où les coeurs s'éprennent !
Arthur Rimbaud - (Chanson de la plus haute tour - Vers nouveaux et chansons)
MAMOUZELLE, qui a surgi des chambres entre temps
Vous n'êtes pas encore couchés, messieurs ? Il se fait tard, le savez-vous ?
AUGUSTIN
Nous prenions le dernier verre de l'amitié, Roberto et moi.
MAMOUZELLE
Roberto doit être très fatigué ?
ROBERTO
Effectivement !
MAMOUZELLE
Suivez-moi ! Je vais vous indiquer votre chambre ! Quant à vous, Augustin, cessez donc de boire autant ! Il va falloir que je vous surveille de ce côté-là !
ROBERTO
Peut-être y réussirez-vous mieux que moi.
AUGUSTIN
Tu es bien placé pour en parler, Roberto ! (Il sort ensuite)
FIN DE LA SCENE 6
ACTE 1 / SCENE 7
MAMOUZELLE
MAMOUZELLE
Tout le monde dort à présent; à l'heure qu'il est, ces messieurs cuvent leur vin; ils ont si bien arrosé la soirée pour leur retrouvailles !
(Elle s'approche ensuite de la fenêtre)
« La lune cristallise mon âme tout entière
Je me sens revivre pour l’éternité...
Bientôt, mes noces annoncées pour l’hiver
Donneront une place de choix à la paix
Tant attendue, tant espérée, si reculée
Du monde des hommes semeurs de frontières.
Oppresseurs du monde où l’argent est roi,
Veux-tu bien laisser tranquille tous ces opprimés !
La lune cristallise mon âme tout entière
Je me sens revivre pour l’éternité.
Faiseur de rêve, grand ordonnateur de la loi,
N’en as-tu pas assez de ces guerres répétées ?
Le plus fort l’emporte encore sur la Vérité !
Mais enfin, me direz-vous, faut se taire,
Car, j'en veux pour preuve, il en faut des guerres,
C’est ce qui, de tout temps, stimule l’Humanité ! »
Monsieur Augustin, ce soir, je risque de vous surprendre ! ? L'inspiration SI manifeste tout naturellement en moi et me guide mot à mot. Vivement ce soir !
FIN DE LA SCENE 7
ACTE 1 / SCENE 8
MAMOUZELLE, SYLVESTRE
De nos jours…
SYLVESTRE, sort de la cuisine
Je me sers un petit verre de Champinelle, Mamouzelle.
(Sylvestre passe derrière le bar et se sert un verre)
MAMOUZELLE, dans la cuisine
Merci pour la vaisselle, Sylvestre !
SYLVESTRE
Votre récit est incroyable, ma petite dame ! Un vrai Conte poétique ! Quant au portrait que vous faites de nos chers Compagnons d'infortunes, je le trouve, ma fois, fort surprenant: pour l'époque, je lui trouve un petit coté rebelle à monsieur Roberto; Quant à Monsieur le comte, quel angoissé de première ! En revanche, Augustin, lui, je dirais qu'il est toujours égal à lui-même, il n'a pas perdu de sa verve poétique !
MAMOUZELLE, sort à son tour de la cuisine, un panier rempli de linge dans les bras
Néanmoins, il n’est plus le gentleman romantique et passionné que j'ai connu.
SYLVESTRE
Lui ! gentleman romantique et passionné ?
MAMOUZELLE
Dommage qu'il se soit endurci avec le temps.
SYLVESTRE
Si vous me dites qu'il fut rêveur, je veux bien le croire, mais de là à l'imaginer romantique et gentleman...
MAMOUZELLE
Ah ! Si vous aviez connu mon Augustin à cette époque...comme il était gracieux, enjoué, serviable...
SYLVESTRE
Et si vous me racontiez la suite du feuilleton, bergère ! Hein ! Quand dites-vous ?
MAMOUZELLE
Ce fut des instants comme une tranche d'irréelle !
SYLVESTRE
Je présume que monsieur le Comte, remis de ses blessures, retourna dans son château le lendemain matin...que Roberto séjourna un mois complet à l’Auberge, et qu'il fut le témoin de vos noces. Le coup classique, quoi !
MAMOUZELLE
Ce ni est pas exactement cela, facteur !
(puis elle prend la direction du jardin)
SYLVESTRE
Attendez ! Où allez-vous comme ça ?
MAMOUZELLE
Venez m'aider à étendre le linge, Sylvestre !
FIN DE LA SCENE 8
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FIN DE L’ACTE 1
FIN DU 8ième EPISODE
Affaire à suivre dans le 9ième épisode intitulé :
« SUPRÊME VEILLEE »
|
(c) Emilien casali - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le
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